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16emes journées de la schizophrénie du 16 au 23 mars 2019

Près de 600 000 personnes* sont atteintes de la schizophrénie en France aujourd’hui. Un chiffre constant ces dernières années.
La maladie se caractérise par un ensemble de symptômes très variables qui affecte le cerveaualtère les fonctions cognitives (mémoire, perception, appréciation des choix) et trouble le cours de la pensée. Les premiers symptômes se manifestent le plus souvent entre 15 et 30 ans et évoluent tout au long de la vie.

Symptômes de la schizophrénie

Il y a d’abord l’apparition de délires, ou d’hallucinations auditives, visuelles, olfactives… Les personnes malades « perçoivent des voix, voient des choses alors qu’il n’y a rien à voir », explique le professeur Raphaël Gaillard, chef de pôle au sein du GHU Paris / Sainte-Anne et président de la fondation Deniker. « Ce sont les symptômes les plus visibles de la maladie. »

Ces symptômes sont dits « positifs », car ils s’accompagnent d’un fonctionnement psychique normal. A ceux-là s’ajoute la désorganisation. « Il y a une perte de l’unité du fonctionnement psychique », poursuit Pr. Gaillard. Cela entraîne un langage difficile à suivre, qui peut paraître incohérent, ainsi que des troubles de l’expression des émotions, en décalage avec ce que ressent la personne malade.

Viennent ensuite « le repli social, la perte d’initiative et d’envie ». C’est là que commence alors à apparaître une perte de capacité à construire quelque chose. Ces symptômes dits « négatifs » se caractérisent par une diminution des réactions et de l’expression émotionnelle. Au quotidien, ce sont les plus handicapants : incapacité à agir (apragmatisme), perte d’initiative, isolement… » 

Pour en savoir plus sur la maladie, visionnez la vidéo #UneAutreRéalité par la Fondation Deniker.

De nouvelles recherches sur la détection et la prévention de la schizophrénie

Schizophrénie & rétablissement : FROGS, un outil pour mesurer la rémission fonctionnelle

Le rétablissement des patients souffrant de schizophrénie recouvre différents aspects : on parle de rémission symptomatique, ou clinique, mais également, et plus récemment, de rémission dite « fonctionnelle ». Il s’agit d’appréhender toutes les dimensions que recouvre une vie « normale » dans lequel le patient peut s’épanouir : les relations interpersonnelles, une activité scolaire ou professionnelle, l’aptitude à organiser temps, énergie et ressources pour subvenir à ses besoins, etc.

Alors qu’il n’existe pas encore de consensus général en matière d’évaluation de la rémission fonctionnelle, le Pr Gorwood a démontré dans une étude publiée en 2018 dans Psychiatry Research la pertinence de l’outil de mesure « FROGS » (Functional Recovery Of General Schizophrenia).

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Des prises en charges spécifiques

La prise en charge des personnes souffrant de schizophrénie est d’abord gérée par le secteur via les centres médico-psychologiques dans lesquels une palette de soins complète et diversifiée est proposée : programme d’éducation thérapeutique, centre d’activités thérapeutiques…

Des centres experts viennent compléter le dispositif. Focus sur deux d’entre eux : le C’JAAD et le CENPARE, à découvrir ci-dessous en vidéo.

Retrouvez en vidéo le C’JAAD, le Centre d’évaluation pour Jeunes Adultes et ADolescents, il reçoit des jeunes de 15 à 30 ans qui rencontrent des difficultés psychiques débutantes.
Au travers de consultations médicales et infirmières, et éventuellement de tests neuropsychologiques et d’explorations complémentaires (biologie, imagerie), un diagnostic de la situation est alors réalisé et restitué au patient, une orientation est proposée par la suite.

Le CENPARE, Centre d’Evaluation des Pathologies Résistantes, offre aux patients, adressés par leur psychiatre traitant, une consultation spécialisée afin d’évaluer le trouble persistant, de proposer des explorations complémentaires afin d’identifier les facteurs favorisant la résistance au traitement.

Au delà de la pathologie

De l’art des fous à l’art psychopathologique, au Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, du 11 janvier au 28 avril 2019

Sur un panneau de bois, un fruit et une tasse posés sur une chaise blanche, peints à l’huile. La paisible nature morte n’est pas sans rappeler les pommes orangées de Cézanne. Mais l’artiste ici est un inconnu. Charles Levystone a fréquenté les ateliers d’art-thérapie artistique de l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, de 1962 à 1967.

Cinquante ans plus tard, ses peintures sont présentées dans ces mêmes murs, à l’occasion d’une exposition du Musée d’art et d’histoire de l’hôpital. Une centaine d’œuvres datant des années 1960 et 70 interrogent, par leur singularité, la notion d’art psychopathologique. Une appellation qui renvoie à l’art pratiqué dans les hôpitaux psychiatriques et vu comme un outil d’analyse des troubles mentaux.

Le test de l’esprit sain

« Les hommes m’ont appelé fou, mais la science n’a pas encore décidé si la folie est, ou n’est pas, la plus haute intelligence » E.A Poe

A partir des années 1950, les psychiatres pensent la création comme un moyen de comprendre les maladies mentales, pour mieux les soigner. Les productions des patients sont envisagées et analysées comme le résultat d’un dérèglement ou l’expression d’un trouble. Non pas comme une tentative artistique.

Anne-Marie Dubois, conservatrice de la collection de Sainte-Anne et commissaire de l’exposition, rappelle les signes cliniques que les médecins voyaient alors dans les œuvres : « Le vide comme la marque d’un manque fondamental, la répétition de motifs comme une démarche stéréotypée, l’absence de perspective comme un signe de schizophrénie »… A cette lecture, nombre artistes reconnus n’auraient sans doute pas passé le test de l’esprit sain !

Pourtant, cette confusion entre la maladie et l’homme est encore d’actualité, comme le regrette Anne-Marie Dubois : « Aujourd’hui, on parle d’un schizo, et non pas d’une personne atteinte de trouble schizophrène. La personne n’est pas entièrement sa maladie et c’est la partie saine qui continue de créer. »

Parmi ces artistes, Charles Schley prend un peu plus de place que les autres. Sur des feuilles de papier, il crée son monde. Des maisons, des arbres aux formes géométriques simples et coloriées aux crayons de couleur rencontrent parfois des visages humains aux allures d’ogre. Considéré comme « débile simple » dans les années 1930, Charles Schley vit dans un hôpital psychiatrique du Jura sans attirer l’attention des médecins. Jusqu’au jour où l’équipe médicale découvre une pile de dessins.

Le diagnostic est rapidement revu : Charles Schley est schizophrène. Un terme à la mode –  et un symptôme référencé –  qui reconnaît au patient « une intelligence particulière dictée par un dysfonctionnement psychique ». L’anecdote de ce soudain changement de statut reflète l’incompréhension qui entoure certaines maladies mentales au milieu du XXe siècle. Elle montre aussi que l’acte créatif est valorisé comme une marque d’intelligence et de complexité intellectuelle. Dans le monde imaginaire et fantastique de Charles Schley, une phrase d’Edgar Allan Poe résonne étrangement : « Les hommes m’ont appelé fou, mais la science n’a pas encore décidé si la folie est, ou n’est pas, la plus haute intelligence. »