Ivermectine en vente libre dans certains États américains

Un tournant réglementaire aux États-Unis

Au printemps 2025, l’Idaho et l’Arkansas ont promulgué des lois autorisant la vente libre de comprimés d’ivermectine à 3 mg dans toutes les pharmacies, sans ordonnance ni consultation obligatoire (idahocapitalsun.com, ualrpublicradio.org). Le Tennessee avait déjà ouvert la voie en 2022 : le pharmacien peut remettre le médicament après remise d’une fiche d’information normalisée (law.justia.com). Ces textes relèvent d’une mouvance dite medical-freedom bills et s’appliquent uniquement au commerce intrastat; au niveau fédéral, la FDA continue de classer l’ivermectine comme médicament délivré sur prescription et « non approuvé pour prévenir ou traiter la COVID-19 » (fda.gov).

Pourquoi l’ivermectine reste-t-elle si demandée ?

  • Maladies parasitaires négligées. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en 2024 sa première recommandation de chimioprévention annuelle par ivermectine contre la strongyloïdose dans les zones d’endémie ≥ 5 % (who.int).
  • Gale en recrudescence. Des études européennes montrent une hausse continue des flambées de gale depuis la pandémie, avec pénurie de traitements topiques et résistance croissante à la perméthrine (pmc.ncbi.nlm.nih.gov, thejournal.ie).
  • Campagnes de santé publique. Un essai contrôlé en Inde (2025) a confirmé qu’un schéma « jour 0 + jour 7 » d’ivermectine 200 µg/kg divisait la prévalence communautaire de la gale par huit en un an (journals.lww.com).

Ces trois facteurs alimentent une demande soutenue, y compris dans les pays à revenu élevé confrontés à des ruptures de stock ou à des échecs thérapeutiques. Les informations les plus récentes concernant l’achat d’ivermectine en ligne se trouvent dans notre article accessible via ce lien.

Innovations et pistes de développement

Axe de recherche Avancées 2024-2025 Atouts et limites
Formes à libération prolongée Injection sous-cutanée pour bovins maintenant des concentrations létales pour Anopheles ≥ 6 mois (Nature Sustainability 2024) (nature.com) Potentiel de lutte antipaludique (endectocide), mais questions écotoxicologiques.
Gale : galéniques topiques Crème/lotion 1 % en phase d’enregistrement dans l’UE (données non encore publiées) Application locale, réduction de la charge systémique.
Chimioprévention combinée NTD L’OMS prépare une ligne directrice sur la co-administration albendazole-diéthylcarbamazine-ivermectine-azithromycine (who.int) Simplifier les MDA, mais vigilance pour les interactions et la tolérance.
Surveillance de la résistance Signalements sporadiques d’échec clinique de la gale, programmes de génomique populationnelle au Sahel pour Onchocerca spp. (nature.com) Besoin d’outils diagnostics rapides pour guider les re-traitements.

Enjeux de sécurité et de santé publique

La dérégulation états-unienne soulève un double risque :

  • Automédication hors indication (notamment Covid-19) avec sur- ou sous-dosage ;
  • Confusion entre formes vétérinaires et humaines, or les pâtes équines contiennent des excipients inadaptés et des doses 10-100× plus élevées.

L’accès OTC oblige donc à renforcer l’information des patients et la pharmacovigilance, a fortiori dans les régions où Loa loa est endémique, car une microfilarémie élevée expose à des accidents neurologiques sévères lors d’un premier traitement.

Quel impact possible en France et en Europe ?

  • Statut actuel : l’ivermectine reste soumise à prescription médicale. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) privilégie la voie magistrale pour les cas de gale croûteuse ou résistante.
  • Pression épidémiologique : la montée des échecs à la perméthrine et la multiplication des flambées (Irlande : 51 épidémies en 2024) créent un contexte où les cliniciens réclament un accès plus souple à l’ivermectine orale (thejournal.ie).
  • Scénario d’évolution : plutôt qu’un passage en OTC généralisé, l’Europe pourrait adopter un modèle « dispensation protocolisée en officine » inspiré du Tennessee : délivrance sans ordonnance, mais après questionnaire et remise de fiches standardisées. Ce compromis maintiendrait la traçabilité tout en désengorgeant les cabinets médicaux lors des pics saisonniers.

Perspectives à cinq ans

  • Diversification des indications : extension possible aux pédiculoses et à certaines formes chroniques de rosacée, sous réserve d’essais de phase III.
  • MDA intégrées : combiner ivermectine longue action et vaccins antipaludiques pour viser une double réduction des vecteurs et de la maladie.
  • Télésurveillance : outils mobiles pour déclarer les effets indésirables et suivre l’observance, essentiels si la vente libre s’étend.
  • Éco-pharmacovigilance : suivi des résidus d’ivermectine dans les sols, afin d’éviter les impacts sur la micro-faune coprophage.

Conclusion

La libéralisation partielle de l’ivermectine aux États-Unis illustre un mouvement sociopolitique plus large, mais elle n’altère pas la prudence scientifique : les indications homologuées restent parasitaires, et la balance bénéfice-risque doit être réévaluée à chaque nouvelle utilisation. Face à la résurgence de la gale et à l’intérêt croissant pour les MDA, l’Europe devra arbitrer entre accessibilité et encadrement. Les innovations galéniques, la surveillance de la résistance et les programmes de santé publique intégrés feront de l’ivermectine un médicament toujours « actuel », à condition de l’utiliser de façon éclairée et responsable.