La fluoxétine est un antidépresseur de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Commercialisée sous différentes marques (p. ex. Prozac, Fluoxétine Sandoz, Viatris), avec des présentations pouvant aller jusqu’à 60 mg selon la spécialité.
Cette page présente ses usages encadrés (indications), la posologie usuelle, les effets indésirables, les équivalents génériques et les précautions importantes, ainsi que des alternatives. Les informations fournies visent à compléter — et non à remplacer — l’avis d’un professionnel de santé.
Qu’est-ce que la fluoxétine ?
La fluoxétine est un antidépresseur de la classe des ISRS (ISRS). Elle est notamment utilisée dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs, du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) chez l’adulte et, dans certains cas, de la boulimie chez l’adulte.
Elle agit en bloquant la recapture de la sérotonine par les neurones, ce qui augmente sa disponibilité au niveau des synapses et peut contribuer à l’amélioration des symptômes. La molécule présente une demi-vie prolongée et un métabolite actif, entraînant une persistance de l’effet sur plusieurs semaines. Le schéma thérapeutique est individualisé par le médecin.
- Épisode dépressif majeur (adulte ; pédiatrie ≥ 8 ans selon évaluation spécialisée)
- Trouble obsessionnel-compulsif (adulte)
- Boulimie (adulte)
Hors AMM (à évaluer au cas par cas) : certains troubles anxieux, TSPT, etc. Décision médicale indispensable.
Génériques et marques
Le médicament de référence (princeps) est Prozac®. Il existe des génériques contenant le même principe actif, commercialisés par différents laboratoires (p. ex. Fluoxétine Sandoz®, Fluoxétine Viatris®, Fluoxétine Teva®). Les génériques répondent aux mêmes exigences de qualité et de bioéquivalence que le princeps.
Les informations ci-dessus ne remplacent pas l’avis d’un professionnel de santé.
Indications principales de la fluoxétine
La fluoxétine est indiquée dans le traitement de :
- La dépression majeure
- Les troubles anxieux généralisés (fluoxétine anxiété)
- Les TOC
- La boulimie avec ou sans vomissements
- Certains cas de troubles de stress post-traumatique
Posologie : Comment prendre la fluoxétine ?
La posologie varie selon l’indication, l’âge du patient et la tolérance au traitement. Voici un tableau récapitulatif :
Indication | Posologie initiale | Posologie d'entretien | Posologie maximale |
---|---|---|---|
Dépression | 20 mg/jour | 20–40 mg/jour | 60 mg/jour |
TOC | 20 mg/jour | 20–60 mg/jour | 60 mg/jour |
Anxiété | 10–20 mg/jour | 20–30 mg/jour | 60 mg/jour |
Boulimie | 60 mg/jour | 60 mg/jour | 60 mg/jour |
Concernant l’administration, la fluoxétine peut être prise le matin ou le soir, selon la tolérance individuelle. Elle peut être prise avec ou sans nourriture.
Pédiatrie (≥8 ans, épisode dépressif majeur) : démarrer à 10 mg/j, adaptation possible à 20 mg/j selon l’évaluation spécialisée.
Sujets âgés / insuffisance hépatique : commencer plus bas et augmenter prudemment; des prises un jour sur deux peuvent être envisagées selon la tolérance.
IMAO et délais : attendre 14 jours après un IMAO avant de débuter; et attendre ≥5 semaines après l’arrêt de la fluoxétine avant d’initier un IMAO.
Effets secondaires de la fluoxétine
Les effets secondaires de la fluoxétine sont variables selon les individus. Parmi les plus fréquents :
- Troubles digestifs : nausées, perte d’appétit
- Insomnie ou somnolence
- Troubles sexuels : baisse de la libido
- Anxiété accrue au début du traitement
- Prise ou perte de poids : certaines personnes rapportent que la fluoxétine fait grossir, d'autres qu'elle fait maigrir
Le surdosage de fluoxétine peut entraîner des nausées, des tremblements, une agitation, voire des convulsions. Un suivi médical est indispensable.
Consultez en urgence en cas d’idées suicidaires, agitation inhabituelle, symptômes évocateurs de syndrome sérotoninergique (fièvre, raideur, confusion, tremblements), virage maniaque, saignements inexpliqués, ou symptômes neurologiques sévères.
Interactions et contre-indications clés
- Contre-indiqué/à éviter : IMAO (délais ci-dessus), pimozide, thioridazine.
- Inhibition CYP2D6 : prudence avec tamoxifène (baisse d’endoxifène), certains antidépresseurs, antipsychotiques, bêtabloquants…
- Sérotonine ↑ : triptans, tramadol, lithium, Millepertuis, linezolide/bleu de méthylène (MAOI réversibles) → risque de syndrome sérotoninergique.
- Saignements : AINS, aspirine, anticoagulants/antiagrégants → risque hémorragique accru.
Fluoxétine : situations particulières
Grossesse et allaitement
La décision de poursuivre, d’ajuster ou d’arrêter la fluoxétine pendant la grossesse ou l’allaitement repose sur une évaluation individuelle du bénéfice/risque. Dans certains contextes, la poursuite du traitement peut être justifiée pour la santé de la mère.
Une exposition en fin de grossesse peut s’accompagner de symptômes néonataux transitoires d’adaptation (par ex. irritabilité, troubles de l’alimentation ou du sommeil), nécessitant une surveillance du nouveau-né. En cas de projet de grossesse, parlez-en en amont avec votre médecin.
Pendant l’allaitement, la fluoxétine peut passer dans le lait maternel ; la décision se prend au cas par cas, avec surveillance du nourrisson (prise de poids, somnolence, alimentation).
Ne modifiez jamais votre traitement sans avis médical.
Arrêt de la fluoxétine
Comme pour les autres ISRS, l’arrêt ne doit pas être brutal. Une réduction progressive limite le risque de syndrome de sevrage et aide à distinguer ces symptômes d’une rechute de la maladie.
- Symptômes possibles de sevrage : sensations vertigineuses, irritabilité ou anxiété, troubles du sommeil, céphalées, nausées.
- La fluoxétine a une persistance prolongée dans l’organisme ; chez certains patients, les symptômes de sevrage peuvent être moins marqués, mais ils restent possibles.
- Le rythme de diminution (paliers et durée) doit être personnalisé par le médecin selon l’indication, la dose et la tolérance.
Prévenez rapidement votre médecin en cas d’aggravation de l’humeur, d’idées suicidaires, d’agitation inhabituelle ou de symptômes sévères lors d’un changement de dose.
Alternatives et adaptations thérapeutiques
Si l’efficacité est jugée insuffisante ou la tolérance limitée, plusieurs options peuvent être envisagées après évaluation médicale :
- Changer d’ISRS (p. ex. sertraline, escitalopram) — le profil de tolérance varie selon les patients.
- Passer à un SNRI (p. ex. duloxétine, venlafaxine) — selon le profil clinique, notamment en cas de douleurs chroniques.
- Optimisation : ajustement posologique, associations ciblées, ajout de psychothérapie.
Le choix dépend du diagnostic, des antécédents, des comorbidités, des interactions et des préférences du patient. Les stratégies de switch (y compris cross-taper) se font sous supervision médicale.
Données cliniques : aperçu synthétique
Les essais contrôlés et les synthèses méthodologiques soutiennent l’usage de la fluoxétine dans la dépression majeure, le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et, dans certains cas, la boulimie. L’amélioration est le plus souvent progressive (plusieurs semaines) et la réponse varie selon les patients.
- Efficacité : documentée parmi les ISRS pour les indications ci-dessus ; le choix du traitement reste individualisé en fonction du profil clinique et des préférences.
- TOC : la réponse peut nécessiter des doses plus élevées et un délai plus long avant l’effet maximal ; importance d’un suivi rapproché.
- Tolérance : effets indésirables attendus des ISRS (digestifs, sommeil, sexuels…) et signaux de sécurité à surveiller en début de traitement (aggravation de l’humeur, agitation inhabituelle).
Pour des données détaillées et mises à jour (contre-indications, interactions, précautions), consultez le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) et les recommandations nationales. Ces informations complètent — sans remplacer — l’avis d’un professionnel de santé.
Pour en savoir plus :
Place de la fluoxétine dans la prise en charge
Le choix d’un antidépresseur est individualisé et repose sur le profil clinique, les préférences du patient et les contre-indications. La fluoxétine fait partie des options possibles dans ses indications validées.
- Recul clinique : médicament ancien et largement étudié, avec de nombreuses données d’utilisation.
- Disponibilité de génériques : des présentations génériques existent, pouvant réduire le coût selon les spécialités.
- Pharmacocinétique : demi-vie prolongée et métabolite actif ; cela peut faciliter certains schémas d’initiation ou de diminution. Des symptômes de sevrage restent toutefois possibles.
- Adaptation au patient : comorbidités, traitements associés (interactions), tolérance et préférences guident la décision partagée.
Aucun antidépresseur n’est « meilleur » en toutes circonstances. La décision se prend avec le médecin après discussion du bénéfice attendu et des risques.
FAQ – Questions fréquentes sur la fluoxétine
Combien de temps faut-il pour que la fluoxétine fasse effet ?
En général, les premiers effets apparaissent après 2 à 3 semaines, mais il faut souvent attendre 4 à 6 semaines pour une amélioration significative. La patience est essentielle, surtout en début de traitement.
La fluoxétine fait-elle grossir ou maigrir ?
Les effets sur le poids varient. Certains patients constatent une perte d’appétit et donc une perte de poids, surtout au début. D'autres, au contraire, prennent du poids à moyen terme. L’impact dépend de nombreux facteurs individuels.
Peut-on prendre la fluoxétine le soir ?
Oui, mais cela dépend de la tolérance de chacun. Si la prise provoque de l’insomnie, mieux vaut la prendre le matin. En cas de somnolence, la prise le soir peut être préférable.
Est-ce que la fluoxétine crée une dépendance ?
Non, la fluoxétine n’est pas considérée comme une substance addictive. Toutefois, un arrêt brutal peut provoquer des symptômes de sevrage. Il est donc essentiel de réduire les doses progressivement, sous supervision médicale.
Peut-on boire de l’alcool sous fluoxétine ?
Il est préférable d’éviter l’alcool, car il peut amplifier les effets secondaires (fatigue, troubles de l’humeur) et réduire l’efficacité du traitement. Une consommation occasionnelle doit toujours être discutée avec un professionnel de santé.
Que faire si j’ai oublié une dose ?
Prenez la dose dès que possible. S’il est presque l’heure de la dose suivante, ne doublez pas la prise et reprenez l’horaire habituel. En cas d’oublis répétés, demandez conseil à votre médecin.
Y a-t-il des interactions ou contre-indications majeures ?
Oui. Contre-indications et associations à risque incluent notamment : IMAO (et délai avant/après), pimozide/thioridazine (troubles du rythme), prudence avec médicaments augmentant la sérotonine (p. ex. triptans, tramadol, Millepertuis, lithium) et avec AINS/anticoagulants (risque hémorragique). Vérifiez toujours vos traitements avec votre médecin ou pharmacien.