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Une mission dédiée à l’articulation du projet de soins et du projet de vie : rencontre avec Romain Morelle

Romain Morelle occupe le poste d’Infirmier Polaire de Réseau Inter-Structures (IPRISA) créé en juillet 2015 dans le Pôle hospitalo-universitaire psychiatrie Paris 15. Accompagner les patients dans la mise en place d’un projet de vie et soutenir les structures qui les accueillent sont ses 2 missions principales. Retour avec le principal intéressé sur ces trois premières années.

Le poste d’IPRISA existe aujourd’hui depuis 4 ans, dans quel contexte a-t-il été créé et quelles sont ses missions ?

Je travaillais auparavant au sein du foyer Sébastien Mercier, aujourd’hui intégré dans le Centre Eugène Millon dans le 15e arrondissement. Force est de constater qu’au sein des services intra hospitaliers, de nombreux patients sont pris en charge dans les unités de psychiatrie aiguës alors qu’ils sont dans l’attente de structures d’aval. Le manque de fluidité sature les unités qui se retrouvent en difficulté pour répondre à la demande de soins alors que la présence de certains patients n’est plus justifiée car leur pathologie s’est stabilisée.

Il existe souvent des erreurs d’orientations dues à une inadéquation entre les critères d’autonomie ou de dépendance entre l’hôpital et le secteur medico-social. Celui-ci exprime parfois la crainte de se retrouver en difficulté dans la prise en charge de la santé mentale. Les professionnels peuvent se sentir démunis dans des situations où la pathologie peut se manifester de manière sévère. Ils veulent pouvoir s’assurer d’une collaboration continue en cas de rechute nécessitant une ré-hospitalisation. Cela suppose très souvent un accompagnement et une coordination des partenaires, synonymes d’efficience.

Le poste d’IPRISA a donc été créé avec 2 objectifs principaux:

-accompagner le patient et son équipe référente dans la mise en place de son projet de vie.

-soutenir les structures médico-sociales considérées comme lieux de vie (foyers de vie, d’hébergement, ou encore d’accueil médicalisé [FAM], Maisons d’Accueil Spécialisées [MAS] et Etablissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes [EHPAD]).

Afin de mieux répondre au premier objectif, nous utilisons une « échelle de compétences ». On procède d’abord à l’évaluation du patient et à la construction de son projet, puis à la recherche de la structure adéquate et enfin au suivi du patient. Une fois installé dans la nouvelle structure, je viens soutenir le patient et sa nouvelle équipe pendant les 6 mois après son admission en complément de son suivi au Centre Médico Psychologique. C’est une période souvent anxiogène pour eux.

Que requiert ce poste?

C’est un poste atypique qui demande une grande capacité d’adaptation. En effet, chaque patient a une prise en charge individuelle, et nous devons sans cesse chercher des solutions alternatives.

J’ai pu créer des liens solides avec plus de 30 structures en France et en Belgique. Cette connaissance approfondie des spécificités de chaque structure permet d’apporter une meilleure information auprès du patient, de sa famille, de son équipe et d’améliorer l’orientation vers l’environnement plus adapté.

Vous évoquiez une échelle de compétences. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nicolas Brulez, Infirmier Polaire de Coordination des appartements associatifs est le créateur de l’échelle de Notation Individuelle des Compétences Observables (NICO). J’ai participé avec lui à la mise en place dans la Policlinique en 2014.

Véritable outil pour les infirmiers, il s’agit d’un tableau de notations basé sur 34 items observant les compétences du patient (hygiène personnelle, interaction avec l’environnement, etc…) face à l’expression clinique de sa pathologie. Elle permet en 15 minutes de dresser un profil du patient, de mettre en place des actions pour maintenir ou développer les compétences ou encore d’appuyer l’observation infirmière auprès du psychiatre. Réalisée mensuellement, elle permet de suivre l’évolution du patient. Nous avons présenté cette échelle à de nombreux congrès dont le 6ème congrès mondial des infirmièr.es francophones du SIDIIEF en 2015. Une version actualisée et simplifiée est en cours.

Vous êtes seul à exercer ce métier au sein du GHU Paris, comment voyez-vous son évolution ?

Pour moi, c’est un poste qui a vocation à s’étendre et à se développer. C’est un poste clé qui ne se substitue à aucun autre métier mais au contraire qui met en avant l’action de chacun.

Les patients sont soutenus à travers cet accompagnement dans cette période complexe et les structures sont rassurées d’avoir un interlocuteur unique.