Les équipes du GHU Paris psychiatrie & neurosciences sont au cœur des expérimentations d’un traitement d’avenir pour les personnes atteintes de dépression.
Un traitement plus efficace et plus rapide
En France, on estime que près d’une personne sur cinq* a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie.
« 30% des personnes souffrant de dépression sont résistants à au moins deux types de traitements, administrés avec la bonne posologie, sur une durée de 6 à 8 semaines. Ils ne montrent aucune réponse et on ne sait pas pour l’instant à quoi cette insensibilité est due. Ces patients ont enfin une solution « , explique le docteur Pierre Demaricourt, chef de service au sein du GHU Paris / Sainte-Anne. Co-investigateur avec le Pr Raphaël Gaillard, chef du pôle hospitalo-universitaire psychiatrie Paris 15 du GHU Paris, il anime à ce titre le 1er centre français de test de l’eskétamine, et le 4ème mondial.
Le nouvel anti-depresseur autorisé par la Food and Drug Administration (FDA) se présente sous forme de spray nasal. Les premiers effets du médicament se font ressentir au bout de quelques jours, contre près de 2 mois pour les traitements classiques.
Il est à base d’eskétamine, dérivé de la kétamine dont l’efficacité des propriétés antidépressives, notamment sur les pharmaco-résistants a déjà été prouvée**.
Une posologie plus contrôlée et sans danger
Le mode de prise en charge du traitement est plus adapté : « La posologie consisterait en deux pulvérisations par semaine administrées dans un cadre hospitalier. Les chercheurs ont surtout choisi cette forme sous spray pour son aspect pratique et sans danger. En effet, prise par voie orale, la kétamine est à 80% détruite par le foie. En intraveineuse, il existe un risque de surdosage. Comme l’intérieur du nez est capillarisé de petits vaisseaux sanguins, le spray s’avère être une bonne solution pour administrer le médicament en toute sécurité », explique le Dr Demaricourt.
Après les premiers effets de rémission, la posologie se raréfie à une fois par semaine puis une fois toutes les deux semaines.
Un antidépresseur aux effets secondaires limités
Les effets secondaires observés (problèmes cardio-vasculaires, effets de déréalisation et dépersonnalisation) disparaissent complétement au bout d’une heure et demie.
L’eskétamine est 10 à 15 fois plus faible que les médicaments utilisant la même molécule et administrés en réanimation mais nécessite néanmoins une observation en milieu hospitalier.
Le GHU Paris au cœur des expérimentations
Aujourd’hui, le GHU Paris / Sainte-Anne mène un nouvel essai de ce traitement dans la prise en charge de personnes atteintes de dépression avec une velléité suicidaire.
Ce médicament est aujourd’hui en vente aux Etats-Unis. L’Europe espère également bénéficier de cette autorisation.
Pour le Dr Demaricourt « ce traitement est susceptible d’apporter un changement de paradigme dans la prise en charge médicamenteuse qui se fait aujourd’hui soit en ambulatoire, soit au décours d’hospitalisations longues dans des cas graves. »