Loïc Bugnicourt, psychomotricien nous parle de son métier qu’il exerce depuis 1998. Il travaille depuis 4 ans au sein de l’Unité de soins longue durée (USLD) – La Roseraie à Neuilly sur Marne – dont 67% des résidents étaient auparavant suivis en psychiatrie adulte.
Pour Loïc, « La psychomotricité est une thérapie à médiation corporelle qui vise à établir, rétablir ou maintenir un équilibre psychocorporel. Elle est dite globale car elle lie les dimensions affective, cognitive et motrice de la personne. Auprès des personnes âgées, elle a 2 axes : la rééducation/réadaptation et la psychothérapie. »
L’écoute est fondamentale dans ce métier. L’objectif est de réussir à rencontrer l’autre, de créer une relation, voilà le credo de ce psychomotricien, passionné par son travail.
Appréhender le corps et ses émotions
Toute manifestation psychique s’exprime aussi par le corps. Par exemple, les patients souffrant de schizophrénie notamment peuvent avoir des angoisses de morcellement ou de liquéfaction. Le travail sur l’enveloppe corporelle par le toucher thérapeutique (travaux de Marc Guiose, école de Joël Savatofski) est une des méthodes permettant la prise de conscience de son corps, la verbalisation des émotions et des ressentis, l’apaisement des angoisses mais aussi le traitement de l’impulsivité. Comme le rapporte Loïc Bugnicourt, ce procédé est également utilisé en première intention pour les personnes atteintes de clinophilie, c’est-à-dire qui ne se sentent pas en mesure de quitter leur lit.
Cette approche amène à redonner de la contenance psychique à un individu qui en est carencé. En effet cette action thérapeutique repose sur une véritable reconstruction du lien entre le corps et l’esprit.
Dans le cas de personnes ayant chuté avec ou sans gravité, et parallèlement à des soins médicaux spécifiques, le travail s’axera sur le contrôle et le relâchement tonique, l’identification des situations à risque au quotidien, l’équilibration, … Un accompagnement à la formulation du vécu de la chute, dédramatisant, sera également apporté.
La psychomotricité : un accompagnement indispensable aux personnes âgées
Le vieillissement est un bouleversement pour la personne, notamment dû aux difficultés psychomotrices : diminution et trouble du schéma corporel, image du corps perturbée, désorientation spatio-temporelle, capacités cognitivo-intellectuelles altérées…
L’intervention des psychomotriciens auprès de ces personnes permet de retarder l’aggravation de la dépendance, de prévenir les effets du vieillissement normal ou pathologique et ainsi d’améliorer le bien-être au quotidien.
Il s’agit alors d’aider le patient ou résident à apprivoiser ce corps vieilli, malade, handicapé pour le reconnaître « comme sien ». C’est par les sensations liées au travail de relaxation, de relaxation, de la respiration, de la présence d’émotions que peu à peu d’autres perceptions du corps sont possibles. Pour des personnes dont la mobilité est entravée (parkinson, paratonie,…), on travaillera sur les mobilisations passives puis actives mais également sur la respiration pour favoriser un relâchement tonique. Le but étant de permettre aux personnes accueillies dans l’USLD, un confort, un bien-être et/ou un maintien de l’autonomie au quotidien.
Loïc Bugnicourt nous explique que créer une relation avec une personne atteinte de troubles cognitifs nécessite parfois d’apprendre un nouveau langage. Les psychomotriciens sont les « spécialistes » de la relation tonico-émotionnel, c’est-à-dire de la manière dont les émotions peuvent être transmises entre une personne et son entourage.
Grâce à différentes médiations corporelles (individuelles ou groupales), les psychomotriciens proposent aux sujets souffrants de nouvelles expériences relationnelles.
A travers cette prise en charge « c’est la fonction liante du psychomotricien qui agit et qui redonne au patient confiance en lui ».