Le rétablissement des patients souffrant de schizophrénie recouvre différents aspects : on parle de rémission symptomatique, ou clinique, mais également, et plus récemment, de rémission dite « fonctionnelle ». Il s’agit d’appréhender toutes les dimensions que recouvre une vie « normale » dans lequel le patient peut s’épanouir : les relations interpersonnelles, une activité scolaire ou professionnelle, l’aptitude à organiser temps, énergie et ressources pour subvenir à ses besoins, etc.
Si les manifestations cliniques de la schizophrénie sont relativement faciles à évaluer, les « séquelles » fonctionnelles peuvent, elles, s’avérer particulièrement persistantes et difficiles à apprécier et à graduer. Et pourtant : seul 1 tiers des personnes ayant été diagnostiqué avec un trouble schizophrénique et ne présentant plus de symptômes évoluent vers une rémission fonctionnelle. Inversement, des personnes présentant des symptômes pathologiques de la schizophrénie peuvent manifester une capacité d’intégration tout à fait satisfaisante, exercer une profession et construire des relations.
La prise en compte de cette dimension dans le suivi des usagers atteints de troubles schizophréniques est aujourd’hui cruciale alors que nombre de dispositifs (remédiation, réinsertion, pair-aidance etc.) ont montré leur efficacité en matière d’amélioration de l’autonomisation et de la qualité de vie. Tant pour le patient que pour le médecin, utiliser une définition quantifiable de « l’aller mieux » aidera significativement l’accompagnement des usagers et leur entourage. Pour voir baisser la fièvre, et notamment le retour à une température normale, il est important d’avoir un thermomètre !
Alors qu’il n’existe pas encore de consensus général en matière d’évaluation de la rémission fonctionnelle, le Pr Gorwood, Chef de pôle de la CMME -Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale- (Hôpital Sainte-Anne/GHT Paris, Université Paris Descartes, Inserm – IPNP) vient de démontrer dans une nouvelle étude publiée dans Psychiatry Research la pertinence de l’outil de mesure « FROGS » (Functional Recovery Of General Schizophrenia).
Cet outil de mesure a été développé par les équipes de la CMME et est expérimenté depuis une dizaine d’années. Il démontre aujourd’hui sa pertinence en fixant un seuil valide de rémission fonctionnelle selon des critères croisés. Cet outil de mesure existe dans deux versions ; le « Mini-Frogs » permet une évaluation simple sur la base de 4 items seulement.